L’Europe construit enfin ses propres usines géantes pour l’IA
Début 2026, Bruxelles va lancer les appels d’offres pour bâtir jusqu’à cinq gigafactories d’IA sur le continent. Budget prévu : environ 20 milliards d’euros. L’idée ? Arrêter de dépendre des États-Unis et de la Chine pour faire tourner nos intelligences artificielles. Un pari qui peut tout changer pour les entreprises européennes, des grosses boîtes aux freelances.
Vous vous souvenez de l’époque où l’Europe brillait dans l’industrie automobile ? Eh bien aujourd’hui, c’est l’intelligence artificielle qui devient le nouveau champ de bataille. Et franchement, on accuse un sacré retard.
La Commission européenne et la Banque européenne d’investissement viennent de signer un accord pour construire ce qu’on appelle des « gigafactories d’IA ». Des super data centers bourrés de puces ultra-puissantes, capables de faire tourner les modèles d’IA les plus costauds. Le genre de machines qui entraînent ChatGPT ou Midjourney, pour vous donner une idée.
Pourquoi maintenant ?
Parce qu’aujourd’hui, si vous êtes une startup française et que vous voulez développer votre propre IA, vous devez louer de la puissance de calcul chez Amazon, Google ou Microsoft. Des Américains. Ou pire, vous passez par des infrastructures chinoises. Résultat : vos données partent à l’étranger, vous payez en dollars, et vous n’avez aucun contrôle sur les règles du jeu.
L’initiative InvestAI veut casser ce monopole. Avec cinq méga-centres répartis sur le territoire européen, les entreprises locales pourront enfin accéder à de la puissance de calcul maison. Sans dépendre du bon vouloir de Silicon Valley.
C’est quoi exactement, une gigafactory d’IA ?
Imaginez un entrepôt de la taille de plusieurs terrains de foot, rempli de serveurs qui chauffent à bloc jour et nuit. Chaque gigafactory va contenir environ 100 000 puces d’IA. Pour vous donner un ordre d’idée, c’est plusieurs fois plus que ce qu’on trouve aujourd’hui dans les plus gros data centers européens.
Ces machines vont servir à deux choses. D’abord, entraîner les intelligences artificielles. C’est la phase où on leur apprend à reconnaître des images, comprendre du texte, ou générer des vidéos. Ça demande une puissance de feu énorme. Ensuite, elles vont faire tourner ces IA une fois qu’elles sont prêtes. C’est ce qu’on appelle l’inférence.
Côté énergie, Bruxelles promet des infrastructures durables. Pas question de construire des gouffres énergétiques qui carburent au charbon. L’objectif, c’est d’alimenter tout ça avec des énergies renouvelables et d’optimiser chaque watt dépensé.
Qui va payer ?
Les 20 milliards d’euros viennent d’un mix public-privé. La Banque européenne d’investissement met sur la table du conseil et des financements. Les États membres apportent leur part. Et des consortiums d’entreprises privées vont compléter le tout.
Il y a une règle de base : le contrôle doit rester européen. Vous ne verrez pas OpenAI ou Alibaba diriger ces infrastructures. Par contre, rien n’empêche ces géants de participer à certains projets, tant qu’ils ne prennent pas les commandes.
Les appels d’offres officiels sont attendus pour début 2026. Plus de 16 pays européens ont déjà manifesté leur intérêt. Des opérateurs télécoms, des fournisseurs de cloud, des universités, des startups. Tout le monde veut sa part du gâteau.
Le problème des puces
Soyons honnêtes. L’Europe ne fabrique pas encore les meilleures puces pour l’IA. On n’a pas notre NVIDIA à nous. Du coup, au début au moins, ces gigafactories vont s’équiper avec du matériel américain. C’est un peu gênant pour un projet censé renforcer notre souveraineté, mais c’est la réalité.
Par contre, Bruxelles met une limite claire : pas de fournisseurs « à haut risque ». Comprenez : pas de technologies chinoises jugées sensibles. La sécurité des infrastructures passe avant tout, surtout quand on parle de données stratégiques.
L’espoir, c’est qu’en investissant massivement maintenant, on arrive à créer un écosystème qui nous rendra moins dépendants à l’avenir. Un pari sur le long terme.
Ce que ça change pour vous
Si vous êtes freelance, graphiste, rédacteur ou consultant, ces gigafactories vont vous ouvrir des portes. Aujourd’hui, vous utilisez déjà des outils comme ChatGPT, Notion AI ou Canva Magic. Demain, vous aurez accès à des versions européennes de ces services, peut-être moins chères, plus respectueuses du RGPD, et surtout hébergées ici.
Vous pourrez automatiser plus facilement vos tâches répétitives : rédaction de posts LinkedIn, création de visuels pour vos clients, analyses de données. Le tout sans vous ruiner en abonnements à des plateformes américaines.
Pour les PME, c’est encore plus intéressant. Vous voulez un chatbot multilingue pour votre site ? Un système de recommandation pour votre boutique en ligne ? Une IA qui prédit vos besoins en stock ? Tout ça va devenir plus accessible. Les prix vont baisser à mesure que la puissance de calcul augmente en Europe.
Et pour les agences de marketing, c’est une mine d’or. Des campagnes personnalisées à grande échelle, de la création de contenu automatisée, des optimisations publicitaires en temps réel. Le tout en restant conforme aux règles européennes sur les données personnelles.
L’Europe peut-elle vraiment rattraper son retard ?
20 milliards, c’est beaucoup d’argent. Mais comparé aux centaines de milliards investis aux États-Unis dans des projets comme Stargate, on reste loin du compte. La Chine, de son côté, construit des data centers IA à un rythme effréné.
Cela dit, c’est la première fois que l’Europe change vraiment de posture. Pendant des années, on s’est contentés de réglementer l’IA. Avec le RGPD, l’AI Act, on a joué les gendarmes. Maintenant, on veut jouer dans la cour des grands. Construire nos propres infrastructures, soutenir nos propres champions.
Le pari, c’est de créer un effet domino. Plus d’infrastructures, ça veut dire plus de startups qui peuvent se lancer. Plus de talents qui restent en Europe au lieu de partir à San Francisco. Plus d’investissements privés qui suivent.
Reste quelques questions. Est-ce qu’on sera assez rapides ? Est-ce qu’on arrivera à attirer suffisamment de capitaux privés ? Et surtout, est-ce qu’on saura partager équitablement l’accès à ces ressources entre les grands groupes, les universités et les petites boîtes ?
Questions fréquentes :
C’est quoi une gigafactory d’IA ?
Un énorme data center optimisé pour l’intelligence artificielle. Il regroupe des dizaines de milliers de puces spécialisées qui servent à entraîner et faire tourner des modèles IA très gourmands en calcul.
Quand est-ce que ça démarre ?
Les appels d’offres officiels arrivent début 2026. Les projets seront sélectionnés dans l’année, et la construction démarrera progressivement dans la seconde moitié de la décennie.
Qui finance tout ça ?
Un mix de fonds publics européens (environ 20 milliards via InvestAI), de la Banque européenne d’investissement, et de capitaux privés apportés par des consortiums d’entreprises.
Comment les PME peuvent en profiter ?
En accédant à des services cloud plus puissants et moins chers. Des fournisseurs proposeront des outils IA via des abonnements ou des API, accessibles même aux petites structures.
Si vous voulez en savoir plus sur les opportunités que l’IA peut offrir à votre business, contactez-nous. On vous aide à y voir plus clair.







